L’insouciance du voyageur.

On a tous en tête l’image du voyageur : son sac sur le dos, ses chaussures aux pieds, son regard droit qui porte sur l’horizon en quête de nouvelles découvertes. Ce que l’on recherche c’est l’expérience et c’est d’ailleurs bien souvent cela qui fait voyager et fantasmer.

Que cela soit  sensationnel ; sa première fois en parachute, son premier trek sur un volcan, sa plongée au milieu des requins ou  la visite de citées perdues … tout cela entoure l’inexpérimenté que nous sommes d’expériences que certains ne feront jamais et transforme le statut de voyageur en machine à rêver que rien ne peut arrêter.


D’un cote cela est vrai, j’ai pu constater, la facilitée de s’enrichir très rapidement en voyage et pratiquer certaines chimères que j’avais en tête. Et puis il y a rapidement ce désir d’en faire plus, d’en voir plus, on acquiert très vite une légèreté et un détachement de la réalité, l’on se sent apte a tout faire et tout expérimenter, l’on arrive même a oublier notre position de novice et se sentir habitue à cette nouvelle façon de penser. C’est ce que l’on appelle l’insouciance!


La dernière remonte à quelques jours, lorsque pour la première fois nous nous lançons à moto à vitesse contrôlée, le casque bien visse, à l’assaut du fameux plateau des Bolovens dans le Sud du Laos. Un parcours de 5 jours au commande de l’un de ces petits engins motorises facile à manier même pour nous inexpérimentés.

Le voyage ca vous emporte mais surtout ça vous apprend. La leçon d’aujourd’hui c’est ce petit veau qui nous l’a donne. Comme nous il est insouciant, il a cette jeunesse naïve qui le fait regarder droit devant il marche avec la même désinvolture qui nous fait voyager, sauf que ce matin au milieu de cette route droite et dégagée, il s’écarte du troupeau et c’est notre route qu’il décide de couper.
Il a au dernier moment le reflexe de nous regarder et moi de l’éviter, mais ce matin c’est l’asphalte dure de la route que l’on percute, l’insouciance, la légèreté… tout cela  disparait bien vite aux cris de douleur de votre bien aimée, il est 9h notre rêve aurait pu la maintenant se terminer.

Les sentiments se mélangent, incompréhension, culpabilité, inattention, l’on n’arrive pas a croire que cela nous est arrivé, on se relève péniblement une fois le choc nerveux passe. C’est assis à l’arrière d’un camion le visage égratigne et un poignet fracturé  que nous revivons notre expérience et prenons conscience de la réalité : une chance que nos anges gardiens nous ont protégés !

William